
Le Mouflon ou les Prémices d’un Nouveau Monde
L’Herbivore s’exprime par des actions fusionnelles, englobantes, et fugitives, qui le rendent indifférent à toute forme de différenciation, d’opposition ou de conflit individuel. Il tend vers une réceptivité perpétuelle et infinie, dans une volonté de communion avec l’univers. Il vit sous le règne du sentiment et des émotions, éclipsant l’intellect et la raison séparative. Très demandeur de quitter ses repères et de dépasser ses frontières, l’Herbivore recherche une forme de marginalité pour mieux imaginer un monde nouveau, un ailleurs magnifique dont personne ne sait, de son vivant, s’il s’agit d’une intuition ou d’une illusion
Le Mouflon a cependant un besoin vital de dire: « Je suis ». Sa soif d’individualisme et d’héroïsme personnel le porte naturellement vers des conquêtes musclées, et des positions d’avant-garde. Sa sensibilité impulsive et entière rencontre souvent l’hostilité de son environnement, et provoque des réactions épidermiques. Dans ces instants-là, il est sujet à des angoisses secrètes et à une vulnérabilité insoupçonnable. Mais n’écoutant que son instinct, il ne se laisse pas désarçonner longtemps, et il se peut même qu’il prenne plaisir dans une certaine forme de souffrance. Quoi qu’il en soit, le goût du risque est certainement le point sensible de sa personnalité.
Les particularités du Mouflon
Le Mouflon manifeste une volonté exploratrice motivée par un besoin profond de conquête, de combat. Il y a une action détergente chez cette personnalité qui allie l’inertie diluante de l’océan à l’impétuosité dévorante de la flamme. On ne s’attend pas à ce qu’un marginal, ou un étranger, tout à coup, prenne les armes contre la société dans laquelle il vit. Le sentiment d’étroitesse est devenu si lourd à porter que le Mouflon lance un coup de corne en direction de sa propre famille. Un activisme militant puissant cherche à quitter la prison sociale dans laquelle il se sent enfermé. La société dans laquelle vit le Mouflon l’a transformé en Mouton. Elle en a fait un être docile et crédule, inoffensif, juste bon à être, au mieux tondu, au pire sacrifié.
Le Mouflon, qui prend conscience de cette dérive sociale se révolte, comme un esclave au temps de Spartacus. Perdue d’avance, la lutte des faibles contre les puissants qu’il initie a peu de chance d’aboutir à un changement concret immédiat. Mais il ouvre la voie à un avenir meilleur. Il allume le feu qui deviendra grand comme l’océan.
Il ne peut pas compter sur sa famille (ou sa société d’origine) dont il cherche à se séparer. Sa puissance de frappe s’en trouve limitée. Mais dès lors qu’il s’est libéré de l’emprise des siens, il révèle tout son potentiel. On fait alors appel à lui, pour des raisons bien précises et des missions bien particulières: Faire un coup d’éclat, intégrer une équipe de mercenaires, divertir la société, ou s’assurer qu’il n’y aura pas de fraternisation entre la population locale et le combattant.
Sa volonté étant de s’évader, de fuir le réel, de partir en vacances ou en voyage, le Mouflon puise dans sa combativité personnelle l’énergie de réaliser son rêve. Mais non sans mal, non sans errance. Il peut mener une vie de bâton de chaise, bringuebalé au fil des situations par des courants qu’il ne maîtrise pas, qui lui permettent d’avancer dans la vie de manière chaotique, où la chance côtoie les tuiles diverses. Il a du flair, se laisse guider par son intuition et développe des stratagèmes radicaux et agressifs pour ne pas se laisser submerger par la houle. Le destin du Mouflon est de quitter le monde qu’il connaît. Il est d’avantage motivé par l’étranger, et il se peut qu’il entreprenne un voyage par simple goût du risque.
Les pouvoirs du Mouflon
Casse-cou, le Mouflon est la manifestation itinérante d’une motivation brûlante et conquérante. C’est un marginal, passionné par une discipline qui laisse libre cours à sa liberté. Là où le reste de sa société ne voit qu’une situation établie, intangible et fermée, le Mouflon voit une porte à défoncer. Il se lance le premier, corps et âme, dans l’inconnu en ne suivant que son intuition. Ce faisant, il ouvre la voie sur un monde plus vaste, plus intégré, plus uni. Son paradoxe est d’arriver à se saisir par la force d’une cause supérieure non violente.
Cette attitude dérange son entourage. Le Mouflon inspire le scandale, la jalousie, l’énervement, le rejet… Le Mouflon est un étranger en puissance, mais étranger parce que nouveau. C’est la dérangeante nouveauté d’une personnalité qui rend obsolètes les lois et les règles établies. Ce coup de corne dans le contrat social oblige toute la société à se remettre en question. Avec le temps, on se rend compte que le Mouflon avait raison, mais trop tôt ! Le Mouflon visionnaire, et monté en première ligne, aura eu tout le temps de mourir en héros avant de voir son intuition transformer le monde…
Ex : Henri le Navigateur, Galilée, Steve Jobs